État des lieux

Quand elle eut poussé la porte, Kami su tout de suite que ce vieux studio délabré serait le sien. Il était parfait !
L’odeur de moisi ne l’arrêtait pas, avec un peu de détergent ce serait vite passé, et le vieux futon lui paraissait plus confortable que le meilleur des lits. Posé à même le sol, il semblait n’attendre qu’elle. La table basse ferait un excellent bureau, même si un kotatsu aurait pu être appréciable dans ces conditions. En effet, vu la basse température de la pièce dû en grande partie à l’humidité qui provenait des murs et de l’air extérieur qui s’engouffrait à travers la fenêtre branlante, Kami aurait sans doute des hivers rudes. L’absence de chauffage n’arrangeait rien, mais elle ne s’inquiétait pas pour le futur, d’ici là elle aurait sans doute trouvé une solution à ces menus détails. L’absence de cuisine n’était pas pour lui déplaire non plus, elle trouverait bien un moyen de manger à l’extérieur, en plus elle n’aimait pas vraiment cuisiner et puis les odeurs de nourriture n’étaient pas un bon environnement pour dormir.
Non décidément cette large pièce un peu vide était dans ses goûts. Il y avait même une salle de bains assez rustique certes, mais au moins elle n’aurait pas à se laver dans une rivière, et puis qu’es ce que cela pouvait faire s’il n’y avait pas de cabine de douche pour protéger l’endroit d’éventuelles éclaboussures, elle laverait la pièce en même temps que son corps. Tout cela était plus qu’elle n’avait osé espérer avec ses faibles revenus en tant que serveuse.

Le carrelage un peu défoncé, le tapis tâché autour de la table, les murs fissurés par endroits, ce n’était rien. Elle avait un toit relativement étanche, et c’est ce qui importait le plus quand on rentrait fatigué chez soi, après une rude journée.
Pas de cafards, pas de mouches… Et avec un peu de chance, il n’y aurait pas non plus de bed bugs dans son lit. Le paradis quoi !
Kami soupira d’aise quand elle referma sa porte avec ses nouvelles clefs.

-« Et pour couronner le tout, je n’ai rien à installer ! » clama-t’elle, satisfaite.
Et c’était vrai, elle n’avait aucune affaire, à part les vêtements qu’elle portait sur elle, elle n’avait rien ramené de son monde. Il faut dire que tout ce qu’elle possédait dans son ancienne demeure était en lien avec son père, et elle ne voulait rien ici-bas qui ne le lui rappelle.