Repas entre deux nouveaux amis. [Kami]

Azriel était resté encore quelques instants à la cascade jusqu'à ce que le temps se rafraichisse et devienne trop froid, même pour lui qui aimait pourtant beaucoup l'air frais... Alors ses yeux étaient devenus bleus et ses ailes s'étaient déployées... Et il s'était envolé. Heureusement qu'il avait donné son adresse à la jeune Kami, il espérait qu'elle trouverait facilement. Comme à son habitude, il volait doucement, sans hâte. A quoi sert de courir si tout vient à point à qui sait attendre, n'est-ce pas ? Il atterrit finalement en haut de son immeuble, celui-ci était banal et gris... Bref, rien de bien intéressant. Il ouvrit la fenêtre pour accéder à l'intérieur du bâtiment et se laissa tomber sur le sol. Il se réceptionna sans mal sur ses jambes puis descendit les escaliers pour arriver à son étage. Une fois devant sa porte, il chercha ses clefs. La porte était blanche et il y avait un paillasson, il l'avait trouvé dans le petit centre commercial, c'était un petit hibou sur une branche avec des feuilles, un fond orange et le bord vert et le hibou disait 'chouette, vous y êtes !'... Bref, pas très original et l'humour laissait un peu à désirer, mais il s'était dit que c'était mieux qu'un bête 'welcome'... Il aurait également pu en trouver un avec des chats mais soit... Pourquoi préférer un chat à un hibou ? C'était très mignon aussi, non ?

Mais assez philosophez sur un paillasson dont tout le monde se fichait, se dit-il. Il entra donc dans son appartement et pu à nouveau constater à quel point son appartement était vide... On entrait directement dans son salon/salle à manger... Il y avait un coin avec un canapé clique-claque rouge à fleurs bordeaux et juste devant une table avec une télé et quelques DVD, sinon il y avait sa table, en bois, elle était carrée et il y avait quatre chaises pour d'éventuels invités (très éventuels). Les murs de son salon était beige et sa cuisine, il le savait, était carrelée blanc avec des fleurs bleues (oui, il aimait les fleurs, et alors ?). Elle était équipée et il y avait toujours tout ce qu'il lui fallait dedans. Plus loin, il y avait sa chambre, une bibliothèque, un bureau et un lit deux places... Ses murs étaient oranges. Un couloir reliait la salle à manger de sa chambre et on pouvait y voir une porte qui donnait sur une salle de bain avec toilettes, le carrelage était dans les tons bleus et le sol était bleu à pois blanc...

Il regarda autour de lui pour voir si tout était propre et put remarquer qu'il y avait pas mal de poussière, il entreprit donc de passer un rapide coup de balaie, heureusement, il rangeait tout de suite les choses après les avoir utiliser, donc le sol problème était cette poussière qui revenait constamment... Peut-être devrait-il cesser de laisser ses fenêtres ouvertes ? Mais il arrivait pas à s'en empêcher, il aimait le froid mordant. Il vérifia l'heure... Il était l'heure de préparer à manger, il se rendit alors compte avec horreur qu'il n'avait même pas encore décidé ce qu'il comptait faire... Vu que les températures avaient été assez chaudes pendant la journée, il se disait que comme dessert une glace ferait l'affaire et il en avait trois sortes : vanille, chocolat et café... Il possédait du coulis de fraises, du coulis de chocolat et du coulis de noisettes... Il avait également des petites boules colorées, des copeaux de chocolats, de la brésilienne et de la crème fraiche. Ça devrait suffire pour avoir une glace plus qu'agréable, du moins le pensait-il... Et si sa jeune amie n'aimait pas les glace, il avait acheté du cake et il pourrait lui faire du thé... il avait toute sorte de thé chez lui, comme le soir il avait l'habitude d'en prendre et qu'il aimait varier, il devait être la personne la mieux fournie de tout Mikomi Hakanai (orange, menthe, tilleul, verveine, réglisse, earl grey, citron, thé vert,...).

Il ouvrit donc ses placard pour voir... Il avait de quoi faire des ramens maison mais il n'avait pas envie de donner ça à son amie... Après tout, elle devait en manger suffisamment avec tous ces plats préparés qu'on trouvait en supermarché... Il était trop tard pour faire des sushis, ça lui prendrait trop de temps... Quoique... Peut-être avait-il du riz déjà prêt ? Il n'aurait qu'à le laisser cuire une trentaine de minutes avec la cuiseuse et vite acheter le poisson... Il avait déjà tout... Puis Kami finirait tard, alors ce ne serait pas un problème de temps... C'était décidé, des sushis ! ... Des sushis mais avec quoi ? Une omelette thaïlandaise ? Oui, ça irait, surtout si on accompagnait le tout avec une salade de jeune pousse... Et comme entrée une soupe ! Devait-il faire une soupe au miso ? Il aimerait faire quelque chose de plus original... Une soupe aux oignons avec beaucoup de patate ?... Oui, ce serait bien !

Il prépara tout ce qu'il était possible de préparer (mettre le riz dans la cuiseuse, les patates à cuire...) et partit chercher le poisson... Le poisson était assez couteux mais déjà moins que dans l'autre dimension, ici il n'y avait pas de concurrence commerciale alors on ne pêchait qu'en quantité suffisante, du coup, ici, la viande (blanche et rouge) coûtait pas mal d'argent, mais il s'en fichait ! Il n'avait pas pour habitude de se priver de quelque chose dont il avait envie de manger. Il partit à la boucherie où il avait ses habitudes, elle était un peu plus chère que les autres mais c'était surtout la meilleure. Le boucher lui fit un sourire. C'était un homme d'assez haute taille et plutôt gentil. Il lui prit du saumon en quantité suffisante puis reparti chez lui se remettre au travail.

Ce fut la soupe qui fut prête en premier, elle dégageait une bonne odeur, il baissa la chaleur, juste pour la conserver à la bonne température sans la faire déborder. Les sushis suivirent, il coupa tout en quelque instant, la force de l'habitude, sans aucun doute ! Il en avait fait dix par personne, ne voyant pas Kami en manger plus. Ensuite il se mit en tête de faire la salade. Il prit de jeune pousse qu'il coupa, il les arrosa d'huile d'olive, mis des olives noires et un peu de fêta... Ce n'était pas très japonais, il l'accordait, mais il avait toujours fait sa salade 'à la grecque' c'est ainsi qu'elle était meilleure, selon lui. Voyant toute la nourriture qu'il avait fait, il abandonna l'idée de l'omelette qui serait vraiment en trop... Il prépara tout de même les ingrédient en les mettant de côté, au cas où son instinct l'eut trompé et que Kami ait plus faim que cela.

Il mit la table, il y avait dans son frigo, du sprite et du fanta, il espérait que la jeune fille aimait ces deux boissons, il se rendit compte qu'il n'avait aucune idée de ce qu'aimait Kami... Peut-être détestait-elle les patates, la salade et le poisson ? Il aurait dû lui demander avant qu'elle parte... Lui dire de choisir ce qu'elle voulait manger... Il se remit à stresser et à trembler... Il était maintenant trop tard pour changer d'avis et changer de menu...

*Ô seigneur... j'espère au moins qu'elle aime la glace...*

Il était déjà parti sur le fait qu'elle allait détester tout ce qu'il avait préparé... Voilà qui commençait bien pour le pauvre petit blond paranoïaque...

Si Azriel était en plein état de panique, Kami elle était plutôt épuisée après sa soirée de service. Les clients adoraient cette nouvelle serveuse, un peu jeune sans doute, mais qui les comprenait mieux que personne, et ils pouvaient s’accouder au bar pour lui parler de leurs problèmes pendant des heures. Parce que même dans le paradis perdu de Mikomi Hakanai, les gens avaient toujours des problèmes, et c’était pourquoi la plupart venaient les oublier dans l’alcool ou les boissons étrange qu’ils servaient en secret.
Kami fermait les yeux sur les choses qu’elle ne voulait pas comprendre, et cela n’était pas pour déplaire à son employeur. En plus, en tant que serveuse zélée, elle abattait le travail comme quatre. Quand elle n’était pas au service en salle c’est qu’elle faisait l’inventaire dans l’arrière-salle, ou bien qu’elle faisait un peu de ménage dans la cuisine, qu’elle lavait les verres ou encore sortait des cartons les ingrédients pour les cocktails. Elle s’occupait également des livraisons quand elle avait le temps dans la journée, ou faisait un peu de comptabilité, bref elle était partout.
Elle aimait se sentir utile, mais quand elle quittait enfin son poste, parfois la dernière, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir soulagée que la soirée fut finie.

Levant les yeux au ciel ce soir-là, elle vit briller les étoiles très loin au-dessus d’elle. Il était tard, tellement qu’elle n’aurait pas le temps de repasser chez elle se changer comme elle l’avait prévu cet après-midi. Tant pis, elle irait directement chez Azriel et s’excuserait pour sa tenue. Heureusement elle avait eu tout le loisir de se laver et de se coiffer dans les vestiaires, et puis elle n’avait pas à proprement parlé d’affaires dignes d’être porté pour une telle occasion. Retourner chez elle ne serait donc qu’une perte de temps que sa coquetterie n’était pas assez grande pour s’offrir.

Kami prit une grande inspiration, pour se libérer de toutes ces idées étranges qui étaient venues la parasiter pendant son travail, avant de se mettre en marche. L’appartement d’Azriel n’était pas très loin, enfin quand on savait où aller les distances paraissaient toujours plus proches, et les indications simples mais précises du jeune homme ne permettaient aucune confusion. Il lui fallut à peine quinze minute pour arriver devant une porte blanche, avec un chouette paillasson devant lequel la jeune fille ne pu s’empêcher de rire.

Il était temps de frapper à la porte, Kami le savait. Elle repensa à leur rencontre quelques heures plus tôt, à cet étrange mélange de douceur et de glace que lui avait inspiré Azriel. Son goût était unique, oui parce que Kami ressentait les émotions des autres comme on apprécie le goût d’un aliment, avec toute une complexité d’arômes subtiles et variés. Rien que de penser à lui son cœur s’emballait déjà, es-ce qu’elle n’aurait pas dû apporter quelque chose ? Des fleurs cela aurait sans doute été trop étrange, mais au moins une bouteille, un dessert, n’importe quoi !!
*Respire calmement, ce n’est pas toi qui pense ainsi* Tenta t ‘elle de se convaincre, mais sans succès. Azriel était là, de l’autre côté de la porte, et elle, elle tremblait comme une feuille sur un paillasson en forme de hibou.

Prenant son courage à deux mains, elle frappa légèrement à la porte qui s’ouvrit presque aussitôt, à croire qu’il l’attendait déjà depuis un moment. Ces deux grand yeux bruns où se reflétaient toutes les inquiétudes du jeune homme rassurèrent instantanément Kami. C’était d’ailleurs bizarre que sa nervosité puisse adoucir autant le caractère de l’adolescente, elle ne pouvait pas encore comprendre ce phénomène, mais un jour elle découvrirait que ce qui animait cette soudaine crise de panique de l’ange n’était pas tant la peur que l’amour. Cet amour angélique, qu’elle ne pouvait pas appréhender avec ses faibles connaissances humaines, était ce qui la poussait à son tour à vouloir rassurer Azriel, à le voir sourire tout comme lui voulait la voir heureuse (et bien nourrie apparemment…).

-« Je suis désolé d’arriver si tard, en plus je n’ai rien apporté... J’aurais dû y penser avant, mais j’ai oublié… » Tout en s’excusant, la voix de Kami devenait de plus en plus faible, et elle fut à deux doigts de défaillir devant le pauvre Azriel tout aussi désolé. Heureusement elle se reprit presque instantanément et portant l’une de ses mains à son visage, elle vit ses doigts trembler sous la combinaison du stress et de la fatigue.

-« Ah… Tu me permets d’entrer chez toi ? Je pense que je devrais m’asseoir un peu, cela fait des heures que je suis debout et la fatigue me rattrape. » Ajouta t’elle avec demi-sourire. C’est vrai qu’elle avait l’air fatiguée, et il faut dire aussi qu’il était tard, mais c’était bien la première fois qu’elle voyait ses mains trembler comme ça. Elle ne s’y attarda pas plus longtemps, Azriel l’avait invitée à entrer et la délicieuse odeur qui l’accueilli réveilla son estomac.
-« Mais ça sent divinement bon chez toi, j’espère que tu n’as pas préparé des folies justes pour moi ? » Lui demande t’elle avec une pointe d’ironie qui lui était devenue naturelle. Elle riait déjà, sa fatigue envolée on ne sait où, comme si le fumet délicat de la soupe l’avait remplie d’une énergie nouvelle.

D’un simple coup d’œil circulaire, Kami découvrit, analysa, jugea, et mémorisa le salon dans lequel elle venait d’entrer :
- Vide, enfin un peu moins que chez elle, mais avec assez d’espace pour se mouvoir sans avoir peur de briser quelque chose de précieux, elle aimait assez.
- Confortable, avec un canapé à fleurs en face d’une télévision munie d’un lecteur DVD, parfait pour passer une soirée tranquille.
- Spacieuse, ou du moins assez pour faire tenir deux fois l’appartement entier de Kami. Les quatre chaises intriguèrent Kami sur le nombre de personnes qu’Azriel avait déjà pu inviter chez lui, mais elle n’osa pas lui demander.
- Et enfin… Kawaii? Toutes ces fleures lui faisait penser à un appartement de femme plutôt que celui de cet étrange personnage, bien qu’il porte en lui cette fragilité qui l’avait tellement intriguée au départ. Peut-être aurait-elle du apporter des fleurs finalement…

Azriel fit entrer Kami et lui tira une chaise pour qu'elle s'asseoir, ce qu'elle fit sans demander son reste, la pauvre avait l'air aussi fatigué que lui était excité... Et il se sentait comme une pile électrique qu'on avait un peu trop chargée et qui était sur le point d'imploser d'angoisse. Son corps avait toujours été tenaillé par des émotions trop violentes depuis qu'il était 'humain', il faut dire que quand on est un ange, on est un peu 'anesthésié', on ne ressent pas comme un humain, alors depuis qu'il avait cette condition, il n'arrivait pas à tout canaliser et pouvait sembler... légèrement dérangé ? Oui, ça devait être ça... En fait, il était admiratif des humains. Ces petits êtres ressentaient tout et n'importe quoi, ils pouvaient se sentir triste pour un objet précieux qu'on avait cassé, se mettre en colère rien qu'en voyant une armoire s'écrouler alors qu'ils venaient de la monter... Pour lui, ces émotions dont il était à la base dépourvu était un vrai mystère, une aubaine et une source de questionnement... Pourquoi Dieu avait-il fait les humains si émotifs ? Et si Fragile ? Qu'avait-il en tête ? L'humanité était belle, il en était de plus en plus persuadé et il aimait ces êtres beaux et fragiles...

« J'ai fait de la soupe et des sushis ! Et j'ai prévu de la glace pour le dessert. Finit-il par dire. Je ne sais pas si tu aimes ça, je n'ai pas pris la peine de te demander et j'en suis navré... Mais si tu aimes pas, je peux te faire une omelette thaïlandaise... Enfin, tu as dit que ça sentait bon, donc peut-être que tu voudrais goûter ? Ô mon Dieu ! Mais tu dois être morte de faim ! Je vais aller chercher les plats ! »

Il partit en vitesse vers la cuisine, sans attendre de réponse, il n'avait pas voulu embêter la fille plus que de raisons mais il avait l'impression de tout faire de travers... Une fois dans sa cuisine, il s'exhorta au calme... C'était idiot de paniquer à ce point. Il l'avait invitée en tant qu'amie, elle n'était pas venue pour le juger... En plus, c'était une gentille personne, alors pourquoi paniquer comme ça ? Il souffla et prit une cafetière qui trainait et bu en vitesse le café froid qu'il y avait à l'intérieur... Il grimaça. Le café froid était absolument dégoûtant ! Mais c'était pire quand on le réchauffait alors valait mieux le boire comme ça.

Il tendit la main pour prendre la poignée de la casserole de soupe... Et se brûla. Il retira en vitesse sa main et se mit à sautiller, les larmes aux yeux mais sans faire de bruit... Il souffla sur sa pauvre main endolorie... mais qu'est-ce qu'il pouvait être con ! Il recommença donc l'opération mais cette fois, en prenant un gant de cuisine (blanc avec des branches de fleurs de cerisier dessus) et prit la casserole... Heureusement qu'il ne s'était pas brûlé fort... La peau était juste un peu rougie. Encore un truc dont il ne s'habituerait jamais ; la douleur physique. Avant, il ne la connaissait pas et désormais elle était son quotidien... Quand il cuisinait, quand il portait quelque chose de trop lourd, quand il se cognait tous les matins le petit orteil sur le coin de la porte dont il n'arrivait jamais à se remémorer l'emplacement.

Il arriva donc dans la salle à manger où Kami le regardait curieusement. Il souffla tranquillement pour se tranquilliser et lui fit un sourire sincère. Le genre lumineux, qui fait trois fois le tour d'un visage puis posa la casserole. Il enleva le gant et prit une louche qu'il avait prévu.

« Je vais chercher à boire après, j'ai du fanta, du sprite... Je dois avoir du jus de raisin... Et j'ai plein de thé... Personnellement, je n'en bois pas en mangeant, je ne sais pas si c'est ton cas ? »

Il prit son assiette et la servit, lui mettant deux louches bien pleines et faisant pareille avec sa propre assiette. La soupe fumait tranquillement, elle était d'une couleur beige et il l'avait passée, du coup il n'y avait plus aucun morceau dans la soupe, pas même le moindre morceau de patate. Il tendit ensuite le sel, le fromage rapé et le pain à son invitée, attendant qu'elle se serve pour partir chercher les boissons.

La présence d’Azriel à ses côtés électrisait Kami, et elle se sentit bientôt en pleine forme, malgré une légère tendance paranoïaque pour tout ce qu’elle faisait. Mais ce n’était pas le moment de s’inquiéter se rabâchait-elle, comme pour se convaincre que tout irait bien. Elle allait passer un agréable moment en compagnie d’un ami, et elle avait la sensation particulière de le connaître depuis toujours.

C’était étonnant de voir comment dans ce monde, elle se sentait proche des gens. Le pouvoir qui s’était éveillé en elle à son arrivé à Mikomi Hakanai ne lui apportait pas que des désagréments, et devant Azriel elle n’éprouvait aucun malaise à lire en lui comme dans un livre ouvert. Il était tellement gentil et serviable qu’elle se serait presque senti mal à l’aise s’il n’était pas non plus doué d’une grande compassion envers elle.
*Je me demande quelle vie il a pu mener jusqu’ici pour éprouver autant de sentiments contradictoire*Pensait-elle en l’écoutant détailler le menu qu’il avait préparé. C’était un vrai festival de saveur comme on peut en trouver dans un grand restaurant, et rien que d’imaginer tous ces plats qui n’attendaient qu’elle pour être dévoré, elle en avait déjà l’eau à la bouche.

-« Oh mon Dieu, c’est parfait. Ne te donne pas la peine de faire cette omelette, je préfèrerais plutôt que tu te repose, tout cela à du te donner beaucoup de travail, j’en suis désolé. Mais merci infiniment, je suis affamé et tu m’as ouvert l’appétit rien qu’en parlant de tout ce qui nous attend. » lui dit-elle quand il fut revenu de la cuisine.
Elle se sentait fautive de se faire servir ainsi, et quand il proposa d’aller cherché à boire elle ne pu s’empêcher de se lever et de lui dire gentiment de s’asseoir à son tour alors qu’elle s’occuperait des boissons.
-« Je suis serveuse je te rappelle. » Ajouta-t’elle d’un ton qui ne laissait aucune place à la contestation.

Elle s’élança rapidement dans la cuisine d’Azriel, une pièce merveilleusement agencée pour tout cuisinier qui se respecte. Cela lui rappelait douloureusement la cuisine de son manoir où elle avait l’habitude de préparer le repas de son père, mais elle balaya rapidement cette pensée.
Tout était si parfaitement rangé qu’elle ne mit pas plus de deux minutes à trouver une carafe, la remplir d’eau, attraper une bouteille de sprite déjà entamée que déjà elle retournait dans le salon/salle à manger.

Elle demanda à Azriel ce qu’il voulait, et le servit (ou pas) selon ses indications. Elle rempli ensuite son propre verre d’eau et s’installa enfin à sa place, devant l’assiette de soupe fumante.
-« Itadakimasu ! » Prononça-t’elle d’une voix gaie avant d’ajouter « et merci pour le repas Azriel, cette soupe me paraît absolument fantastique. »
Ce qui se confirma dès la première cuillère qu’elle englouti. Kami n’avait rien mangé depuis le fameux pique-nique improvisé près de la cascade, et même si elle avait sûrement bu plus de deux litres de boissons parfumées à son travail, son estomac poussa un grognement de satisfaction qui la fit rire joyeusement.
C’était tout simplement merveilleux de manger quand on avait faim, encore plus quand la nourriture était aussi bonne. Les papilles gustatives de la jeune fille frémissaient de plaisir à chaque contact avec le liquide chaud et revigorant. Un instant elle chercha a détaillé les composants secrets d’un tel délice, mais le mystère lui parut encore plus savoureux que la connaissance et elle abandonna. Après un tel repas, elle aurait l’impression de manger du plastique demain avec les plats préparé de la boutique en bas de chez elle.

Kami redécouvrit le plaisir d’accompagner une soupe avec du pain, ou du fromage, c’était devenu si rare ces derniers temps qu’elle repris plusieurs fois de chaque, s’excusant auprès de son hôte d’être un goinfre pareil.
Ses bonnes manières refaisaient surface, souvenir d’un temps où elle aussi mangeait des repas copieux et dans une vaisselle soignée, rien à voir avec les assiettes ébréchées qui traînaient chez elle.

Pas une fois elle ne quitta son plat des yeux, prenant apparemment un grand plaisir à manger et à observer fondre le fromage dans sa soupe. Elle s’amusait de rien, riait quand un bout de pain rebel s’échappait de sa cuillère alors qu’elle essayait de s’en saisir, mais pas un instant elle ne regarda Azriel manger.
Ce n’est qu’une fois son assiette vide et son estomac satisfait, qu’elle se remît à parler.
-« C’est incroyable, il faudrait que tu m’apprennes comment tu fais. Je n’ai jamais rien mangé d’aussi bon de toute ma vie ! »
Peut-être exagérait-elle un peu, mais pour Kami aucun repas n’était jamais aussi bon que celui qu’elle mangeait sur le moment, puisque c’était le seul qui importait vraiment au final.

Reculant légèrement sa chaise pour laisser la place à un ventre imperceptiblement plus rond qu'à son arrivée, Kami relâcha sa tête en arrière et prononça plus pour elle-même que pour Azriel.
-« Vivement que l’école recommence, je pourrais prendre le temps de cuisiner aussi. »
Ce n’était pas vraiment une plainte, plutôt une simple constatation, mais elle l’avait pensée à voix haute et aussi elle se sentait à présent complètement paniquée.
-« Ah... Ce n’est pas que je n’ai pas le temps... Mais... Enfin, j’ai vraiment envie d’aller dans cette école, il y a tellement de chose que je veux apprendre. »
Elle ne savait plus où se mettre, allait-il penser qu’elle prenait ses études à la légère ? Elle ne voulait pas non plus exposer ses problèmes devant Azriel après tout ce qu’il avait fait pour elle. Non mais, quelle idiote elle était !

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