Pas de charité pour l'hôpital [ Aellen El' Onikaze]

Un des bâtiments des plus importants qu'une ville devrait avoir, que ce soit pour la survie de n'importe quel habitant, ou par souci de bien-être, c'est bien en milieu hospitalier que règne cette question de vie ou de mort...
Celui que Mikomi Hakanai possédait, était un assez grand complexe. Réputé pour ses soins magiques et à la fois pour ses spécialités raciales, cela correspondait parfaitement à la divergence de population qui vivait en ville.
On pouvait y retrouver des centres pour toutes sortes de personnes, les hybrides: hommes-chats, sirènes, minotaure,... ; ou encore les races spéciales: démon, ange, changelin, elfe,... ; et bien évidemment également pour les humains.
Il n'y avait pas de discrimination ici, tout le monde est sur le même pied d'égalité et mérite les mêmes soins. C'est un hôpital pour tous.

L'atmosphère qui régnait en ce lieu était calme et quelque peu serein. Bien placé, le bâtiment offrait une splendide vue sur un petit parc pleine de verdure et son lac scintillant sous un soleil d'été. Les infirmières allaient souvent promenés quelques patients là-bas, histoire de leur faire changer un peu d'air et leur faire oublier ne serait-ce un instant leur maladie qui les ronge. Même si ce n'était pas grand chose, cela leur apportait un peu de bien et ça ne pouvait être refusé. Le bien-être du patient est primordial!

Bien sûr, il s'agissait d'un hôpital et comme dans tous les autres, c'est un endroit où souvent on doute et angoisse pour la vie d'un proche. Ou les gens prient, qu'ils soient croyant ou non, ils espèrent tous quelques choses de ce lieu. Et parfois, bien plus tristement, la fin d'une vie se déchire dans des larmes de deuil.
La particularité de celui de Mikomi Hakanai, c'était surtout que celui-ci recueillait souvent des êtres parsemés de blessures physiques, dû à des violences raciales.
Chaque être possède son histoire, et pour personne, elle n'est jamais facile; contrairement à tous les autres centres, le taux de fréquentation de celui-ci est plutôt élevé. Presque tous les habitants étaient passés au moins une fois en cet endroit.

Kazuma connaissait bien cet endroit. Il y allait souvent pour diverses raisons, et la première fois qu'il vint, c'était également pour ses blessures affligés par ceux qui avait tenté de le tuer...
Désormais, s'il vient c'est soit parce qu'il s'était blessé lors de ses entrainements au combat, soit parce qu'il a attrapé froid lorsqu'il passe la nuit dehors. Et aujourd'hui, c'était la raison pour laquelle il était là.

"...Kof...kof"

Les rhumes de Kazuma s'aggravaient assez rapidement, cela pouvait passer de simple éternuement à des toux assez régulière puis à de la fièvre et cela en quelques heures. Mais aussi paradoxale que cela puisse être, il guérissait également en un clin d'oeil. Il suffisait qu'il réagisse assez tôt pour que cela ne prenne que quelques minutes pour qu'il se sente mieux.

"Tu changera jamais hein! Toujours à dormir dehors imbécilement! Et après, ta soeur vient me voir tout affolée pour savoir si ce n'est pas trop grave! IDIOT"

Cette personne agacée qui sermonait le jeune homme, était la médecin chargé de s'occuper de lui. C'est elle qui le pris en charge dés la première fois. Elle était exaspérée de devoir le chaperonner à chaque fois qu'il faisait exprès de tomber malade, elle était persuadée qu'il s'agissait d'une conspiration de sa part pour l'embêter à son travail. Du moins, c'est sa grande imagination qui lui faisait dire ça, mais en réalité, elle savait que Kazuma ne faisait pas vraiment exprès, mais plutôt que c'était parce qu'il se fichait de tomber malade et surtout des précautions des autres. Rien ne l'empêchait vraiment de scruter son ciel.

"Bon j'imagine que je te dis à bientôt, et oublie pas de prendre tes médicaments....car si tu meurs, tu laisserais ta soeur seule"

Elle connaissait bien sûr le point faible de celui-ci! C'est pourquoi, elle n'omet jamais de répéter cette phrase et forcer ce nonchalent garçon à prendre ses médicaments. Comme tous les médecins de cet hôpital, elle se démenait pour le bien d'autrui, à contre coeur parfois, malgré les ennuis, mais toujours solenellement .

Kazuma n'avait plus rien à faire ici, il salua sa guérisseuse puis quitta la salle.
Comme d'habitude, il ne savait pas vraiment que faire pour la suite des évènements, il se dirigea vers là où ses pas le menait. Libre comme l'air, à part les cours et ses entrainements, il était toujours en train de se promener un peu partout. Mais comme ni l'un, ni l'autre n'avait eu lieu aujourd'hui, il ne lui restait plus qu'à errer.

Toujours dans l'hôpital, il se dirigea vers un passage menant au parc, quand soudain, il sentit une présence derrière lui. Ce n'était pas quelqu'un comme les autres, celui-ci était là pour d'autres motivations.

Aellen adorait se promener sans but. Le jeune homme, de par sa nature, était doué pour capter le moment présent, et il trouvait une certaine intensité, qu'elle soit émotionnelle, spirituelle ou juste de circonstance, dans à peu près n'importe quoi. L'un de ses endroits privilégié pour ses balades était l'hôpital, et plus particulièrement les couloirs de ce dernier.

Le duc arpentait au moins une fois par semaine les longs chemins tortueux qui constituaient cet édifice sanitaire. De son habituel pas calme et assuré, la démarche souple et élégante, tout en étant aussi légère que l'air, il déambulait de manière aléatoire, cherchant quelque chose de particulier et de mystérieux, dont il n'avait lui-même aucune idée. Convaincu qu'il pourrait dénicher une chose rarissime, Aellen se contenait de marcher, scrutant tout ce qui l'entourait.

Tandis qu'il avançait, El' inspirait à plein poumons l'air chargé de drogues et autres sédatifs qui embaumait les lieux. Les yeux fermés, il essayait de capter les émotions qui imprégnaient encore les lieux. L'espoir, la peur, la douleur, la haine... Aellen adorait ce débordement de vie! Ici, l'intensité des sensations était plus forte que n'importe où ailleurs. Combien de fois avait-il vu le soulagement si lumineux d'une mère qui apprenait le rétablissement de son fils? Ou le désespoir qui couvrait le visage d'une veuve? Tous ces évènements rendaient les gens vrais, beaux, purs et vivants.

Soudain, il distingua un individu ressortant de la masse. Jeune, il dégageait une certaine aura particulièrement intéressante. Un mélange de pureté et de résolution, de calme et de violence... comme si son innocence avait été chamboulée du tout au tout, et qu'il ne savait pas vraiment de quel côté de la ligne il se trouvait.

Le temps qu'Aellen prenne conscience que ce qu'il cherchait se trouvait juste devant ses yeux, la silhouette avait déjà disparu au détour d'un corridor. En un souffle de vent, le duc franchit la distance qui le séparait de cet intéressant jeune homme.

Il s'approcha de lui, et, affichant dans ses pupilles grises un mélange d'avidité et d'excitation, un rictus hautain au coin des lèvres, il lui dit simplement :

"Minute. Je crois que vous avez perdu votre bourse. Ce serait bête de perdre de l'argent ici, vous ne croyez pas?"

Plus Kazuma s'avançait et plus il ressentait que cette présence devenait de plus en plus intense et proche, il ne savait pas s'il devait s'en éloigner ou simplement s'en soucier mais l'aura qui dégageait de cette personne était quelques choses de tout de même intimidant.
Ayant l'habitude de se retrouver en compétition, il savait reconnaître quelqu'un de fort et c'était le cas aujourd'hui. Ce n'était absolument pas de la peur qui régissait en ce moment en lui, mais de la fascination. Cela mis l'esprit de l'étudiant en éveil. Lorsqu'il s'agissait d'une question de force, il songeait au combat et cela changeait pratiquement le caractère de celui-ci.
La force qui émanait de cet étranger était à la fois impressionnante, également quelque peu dangereuse.
Ne comprenant pas ce que faisait une personne tel quel lui en ces lieux, la curiosité commença à naître.

Perturbé par cet homme, quel ne fut sa surprise lorsque celui-ci l'interpella.

"Minute. Je crois que vous avez perdu votre bourse. Ce serait bête de perdre de l'argent ici, vous ne croyez pas?"

Il est vrai que Kazuma était souvent distrait et perdait souvent ce qu'il possédait en poche, ce n'était pas la première fois. Mais comme le jeune homme n'était pas vraiment soucieux, et que très souvent il se retrouvait face à une âme généreuse qui acceptait de lui remettre sa bourse, cela le rendait encore moins prévenant.

Mais cette fois-ci était différente, lorsqu'il s'était retourné et vit les yeux de son interlocuteur, des yeux gris mais si profond que l'on pouvait si perdre et si hypontisant à la fois le fixait du regard avec un air insistant, accompagné d'un sourire narquois; il ne put s'empêcher d'avoir un frisson qui lui parcourut le corps.
C'était une chose rare pour le garçon, peut-être même que ce sentiment ne l'avait jamais atteint auparavant, mais à ce moment-là, cela voulait tout simplement signifier que cet inconnu venait de faire naître un réel intérêt pour ce jeune qui habituellement ne se souciait absolument pas de son entourage.

"Hmm...Merci"

Un peu perdu, il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Rencontré quelqu'un qui lui livrait de l'intérêt et qui était quelqu'un d'à la fois fort en soi, était une occasion unique, il ne pouvait laisser passer cela, il voulait tout savoir, il voulait en apprendre sur cette personne. Pourquoi il était ici, quelles étaient ses motivations, car cela ne pouvait être pour une simple visite ou pour lui-même, Kazuma le présentait, il souhaitait comprendre d'où tient cette aura qui dégageait de celui-ci.
Il fallait qu'il fasse quelques choses même si cela ne semblait pas dans ses habitudes, tout, n'importe quoi mais quelques choses, il ne fallait pas que cela s'arrête là, vite il réfléchit puis proposa.

"Puis-je me permettre de vous offrir à boire à la cafétéria de l'hôpital pour vous remercier...?"

Embarassé par ces propos, il détourna le regard lorsqu'il proposa à l'individu de le rejoindre, c'était la seule et première idéé qui lui était venu. Après tout, c'était la plus logique des propositions, s'il souhaitait revoir cet homme il ne pouvait que lui proposer de le remercier et non un quelconque rendez-vous, ce n'était pas dans les tendances de Kazuma.
Il espérait tout de même que celui-ci ne refuse pas son offre, après tout, il s'était donné du mal à sa façon pour lui proposer et il ne voulut pas que cela se termine ainsi.
Il ne savait pas vraiment ce qu'il recherchait de cet homme, que ce soit une amitié ou un quelconque lien platonique. Il fallait tout de même que Kazuma se lance...

Aellen se lécha la lèvre supérieure en un geste lent et satisfait. C'était décidément trop facile. Non seulement il avait réussi à engager la conversation avec ce jeune inconnu, mais en plus, ce dernier lui avait proposé directement de la faire durer plus longtemps. Dans tous les scénarios qu'avait imaginé le duc en l'espace de quelques secondes, celui là était le moins probable et par conséquent, le plus idéal.

Voyant la gêne chez son interlocuteur, El' continua à le fixer dans les yeux, bien que ce dernier ai détourné le regard. Ses pupilles affichaient leur habituel air froid et hautain, empli d'un soupçon d'amusement et de malice.

"-La cafétéria?"

Aellen prononça cette dernière phrase avec un air détaché empli de dégout. il hausse un sourcil, faisant mine de réfléchir, et, en un soupir, il poussa un simple "Non".

Sans demander son reste, il avance de quelques pas, allant dans la direction de son interlocuteur. Une fois à sa hauteur, El' se lécha la lèvre et le toisa de la même manière qu'il aurait regardé un insecte. Sans dire un mot, il continua son chemin. Après avoir dépassé légèrement le jeune homme, il s'arrêta et lui indiqua d'un signe de tête un escalier se situant au bout du couloir.

"En revanche, il y a une terrasse fort sympathique ici. Et ils servent des boissons succulentes."

Et, affichant soudainement un sourire étincelant, empli de légèreté, il termina sa phrase :

"Tu peux me suivre..."

Et, détournant le regard, il se remit en route sans attendre une quelconque réaction de Kazuma. Sa dernière phrase résonna quelques secondes dans les murs de l'hôpital:

"-A condition qu'on se tutoie, bien entendu."

"-La cafétéria?"

Cette proposition eut l'air de fortement déplaire à l'individu. Celui-ci sembla à la fois répugner et soupira un instant. Kazuma cru avoir fait une erreur, après tout cela ne semblait absolument pas correspondre au style de cette personne, l'inconnu semblait être quelqu'un d'un milieu aisé voir même luxueux.
Mais il souhaitait vraiment ne pas le laisser partir ainsi , quelques choses le faisait trépigner de curiosité, un je-ne-sais-quoi. Et c'est pourquoi en voyant la mine de l'homme, il ne put s'empêcher de craindre que de devoir abandonner l'idée d'en savoir un peu plus sur lui...

Lorsque l'étranger fit non de la tête pour refuser l'invitation, cela confirma les doutes de Kazuma, il se sentit quelque peu deçu et baissa les yeux. C'était étrange, ce n'était vraiment pas dans le caractère du jeune homme, il se sentait bizarrement perturbé que d'avoir autant voulu discuter avec quelqu'un. Cela le gênait quelque peu de ne pas être lui-même, mais il ne pouvait aller contre cette envie...désormais il devait se résoudre au fait que celui-ci ne souhaitait pas la même chose.

Soudain celui-ci s'avança vers lui, le regard haut et fier, passa à côté de Kazuma, le regardant de haut en bas, et continua son chemin. L'étudiant étonné, restait coi et ne réagit pas sur le coup et enfin finis par se retourner vers celui-ci.

"En revanche, il y a une terrasse fort sympathique ici. Et ils servent des boissons succulentes."

Kazuma ne dit pas mot, il était un peu perdu et ne savait pas vraiment où voulait en venir celui-ci, quand soudain l'individu souria et termina sa phrase:

"Tu peux me suivre..."

L'homme se retourna et se dirigea vers la terrasse. Pour Kazuma, son allure, le dos tourné, l'inconnu laissait un sentiment de classe dans l'esprit de l'étudiant, impressioné et chamboulé, il suivit celui-ci lorsque l'étranger lui dit.

"A condition qu'on se tutoie, bien entendu."

Cela eu le don d'afficher un très rare sourire sur le visage de Kazuma, aussi beau qu'un bijou et aussi rare que de l'or.
Il était content d'avoir trouvé une personne tel quel lui, même si ce n'était que de première impression, cette personne était quelqu'un d'unique et il le savait, quelqu'un avec qui il voulait pour la première fois s'intéresser.
Il rejoignit sa nouvelle connaissance et ils se dirigèrent tout deux vers la terrasse.

Une fois arrivé, une jeune serveuse les mena sur une table pour deux. Lorsqu'ils s'installèrent, Kazuma ne put s'empêcher de regarder le ciel. Un ciel limpide d'un bleu azur, comme il les aimait. Il ferma les yeux, cela l'apaisait et il sentit son âme se remplir de bien-être. Aujourd'hui, il avait rencontré un être exceptionnel et il pouvait profiter de son ciel.

"Je suis Kazuma Nomura, étudiant à Sakuran Fuhen"

Il espérait que ce nom résonnerait et resterait à l'esprit de son interlocuteur.

[Désolée, j'ai un peu beaucoup repris sur ton poste Sad

]

Aellen haussa un sourcil. Il était légèrement perplexe sur la facilité qu'il avait à attiser la curiosité de son interlocuteur. il l'observa calmement, analysant attentivement sa gestuelle, son intonation et son regard. En voyant ce dénommé "Kazuma Nomura" fixer le ciel, le duc comprit immédiatement ce qui l'attirait : ce jeune homme semblait avoir une affinité avec l'air, le vent, la liberté... en d'autres mots, il sera extrêmement facile de l'initier.

Avide et impatient, Aellen se lécha la lèvre. Il adressa un sourire à Kazuma.

"Eh bien, je suis ravi de te rencontrer."

Suite à cela, Aellen laissa planer un moment de silence, durant lequel il fixa intensément l'étudiant. Il avait pris soin de ne pas se présenter tout de suite, et affichait sur son visage un air impassible et dénué d'expression.

Au bout de quelques minutes, jugeant l'atmosphère suffisamment pesante, Aellen appela une serveuse et commanda deux énormes coupes de fruits glacés. Il plongea son dur regard d'acier dans les prunelles de Kazuma, et murmura doucement :

"Tu peux m'appeler "El' ". "

Voulant tester le jeune homme, le duc prit soin de lui laisser poser les questions et mener la conversation en premier lieu, du moins, jusqu'à ce qu'il décide du contraire.

[Désolé du temps de réponse, mais j'ai été un peu chargé ce week-end...]

Kazuma ne savait absolument pas par où commencer, il avait tellement de choses à demander, trop de choses qui éveillèrent cette rare curiosité de la part du jeune homme.
Mais il fallait un début, l'étudiant hésita longuement, plusieurs points essentiels se présentèrent en premier dans sa tête: entre demander à cet homme les raisons pour laquelle il était à l'hôpital et s'il y venait souvent, si c'était une personne originaire de cette ville, ou encore tout simplement les raisons pour lesquelles cet homme avait accepté cette invitation.
Certes elle semble naturelle au premier abord que de remercier une personne ainsi, mais El' aurait très bien pu également refuser; d'ailleurs selon Kazuma, il ne pensait absolument pas que celui-ci aurait accepté.
D'une grande élégance et de charisme, pourquoi était-il ici en face du simple jeune garçon? Que recherchait celui-ci? Si ce n'était juste que pour une simple coupe de fruits, de gros doutes planaient.

Toutes ces questionements le perturbaient... Il resta un bon moment silencieux, affalé sur sa chaise, les mains en poches, perdu dans ses pensées, le regard vide en direction du ciel, il évitait le regard intimidant d'El'. Au fond de lui, il se réjouissait tout de même de pouvoir mettre une réponse, ne serait-ce qu'ambigue, à tout cela.

"Vous n'êtes pas ici pour les mêmes raisons qu'un quelconque patient j'imagine...?"

Il se lança et préfèra commencer en douceur, après tout c'était un être particulièrement unique qu'il fallait prendre le temps de faire connaissance en détail. Kazuma par prudence opta pour les raisons de sa présence ici avant d'intérroger sur qui était cet homme.

[SORRYYYY pour le temps que j'ai mis à répondre x.x]

Aellen esquissa un sourire. Il laisse planer un moment de silence, en trifouillant un bout de fruit rectangulaire et rougeâtre du bout de sa fourchette. Lentement, il le retira du reste de la coupe et l'admira pensivement. Quelques secondes plus tard, il l'avala, et se lécha les lèvres.

Très intéressant... Ce garçon était décidément inhabituel. Il était facile à guider, mais en même temps, ses initiatives personnelles étaient surprenantes. D'entre toutes les questions qu'il aurait pu poser, Kazuma a choisi la bonne. De plus, la formulation était plus que magnifique. En fait, elle était si rhétorique qu'elle en devenait déclarative.

Aellen senti l'adrénaline inonderses veines; tous ses sens étaient en alerte et une vague intense, mélange de plaisir et d'excitation, se propageait dans son corps.

Il lui fallait ce garçon.

Le chasseur plongea son regard dans celui de sa proie, et un frisson traversa son échine. Le duc avait capté quelque chose de puissant dans le regard de Kazuma. Silencieusement, Aellen se promit de pousser un jour l'étudiant dans ses retranchements, testant son potentiel combatif à 200% de ses capacités.

D'une voix calme, il mit enfin fin au silence qui planait depuis un long moment déjà.

"-Qui sait? En réalité, je me retrouve bien embêté... qui suis-je pour pouvoir affirmer que je suis un patient ordinaire ou non? En réalité, c'est une question qui demande de l'objectivité, que je n'ai pas vu que le sujet me concerne directement."

Une lueur de ruse passa dans les yeux d'Aellen. Il joignit ses mains et colla son visage contre ses dernieres, dissimulant ainsi sa bouche et son menton. Son regard redevint aussitôt inexpressif et blasé.

"-Il n'y a que toi qui peut répondre à cette question. Alors, qu'en dis-tu?"

"-Qui sait? En réalité, je me retrouve bien embêté... qui suis-je pour pouvoir affirmer que je suis un patient ordinaire ou non? En réalité, c'est une question qui demande de l'objectivité, que je n'ai pas vu que le sujet me concerne directement."

A ces mots, le jeune homme était réellement surpris, voir même complètement ahuri par l'éloquence d'El', ne serait-ce qu'en une phrase, celui-ci venait de dominer la conversation tout en engrangeant une grande confusion dans l'esprit de Kazuma, il était capable de mener celui-ci par le bout du nez. Il fallait que l'étudiant fasse attention, car il allait se faire manipuler, il le pressentait. Pourtant, au fond de lui, cela ne l'aurait pas vraiment déranger, quelques choses dégageaient de cet homme qui faisait naître un tel respect et donnait envie de le suivre, et même s'il fallait, de lui être loyal.
Oui, c'était à ce point, que cette première impression de cette première rencontre avait pu marqué Kazuma.
Mais bien des choses encore étaient à découvrir!

"-Il n'y a que toi qui peut répondre à cette question. Alors, qu'en dis-tu?"

Lorsque le regard d'El' changea en un air si sérieux et perçant, et que celui-ci demanda l'avis du jeune homme, l'étudiant ne put s'empêcher d'afficher un air inquiet, il eut l'impression d'être testé...Et s'il répondait mal...qu'arriverait-il? Est-ce que cela se terminerait ainsi? Pourtant il fallait que Kazuma réponde, il lui fallait une réponse satisfaisante que ce soit la bonne ou mauvaise réponse.
Mais il refusait de ne pas être lui-même et de trouver une réponse à la convenance de celui-ci. Non, il voulait montrer qui il était.

Le jeune homme se détendit et songea à ce qu'il pensait vraiment d'El' et la raison de sa présence. Quitte à fermer la conversation et que l'homme perde de l'intérêt auprès du du jeune garçon, il tenta le tout pour le tout...

"...Je ne pense pas que vous soyez une patient qui soit dans le besoin d'être ici"

Kazuma voyait bien qu'il s'agisait d'une personne aisée, selon lui, quelqu'un tel que lui devait bien posséder quelques médecins personnels puisqu'il semblait avoir les moyens.
De plus, puisqu'il émanait de l'homme un esprit fort, ce devait être quelqu'un d'assez sain pour n'avoir que rarement des faiblesses physiques ou de santé. Il ne voyait absolument pas quelqu'un comme lui être affaibli par quoique ce soit.

" ...J'ai l'impression que vous êtes plus un observateur de la vie en ce lieu, vos regards si pénétrant m'ont analysés depuis le début de notre rencontre, si je ne me trompe pas."

Habituellement distrait et un peu benêt, il était pourtant d'un esprit vif et au aguet en compagnie d'El'. Il l'avait bien ressenti que l'homme le scrutait et cherchait quelques choses en Kazuma. Celui-ci ne savait pas quoi, il n'est également pas quelqu'un d'égocentrique mais vraiment, il était persuadé que celui-ci le testait.

"Je ne suis pas sûr de vos motifs, peut-être une rencontre avec une personne, à la recherche de quelques choses mais surement pour des motifs bien différents ...et plus personnels. Je pense que vous..."

Lorsqu'il réalisa qu'il venait de le vouvoyer pendant tout ce temps alors que celui-ci lui avait demander de le tutoyer, il rectifia le coup avec gêne et finit sa phrase.

"Je pense que tu es là de ton bon vouloir."

Il soupira un grand coup, il avait tout ce qu'il avait à dire...

D'un geste lent et assuré, Aellen pencha légèrement sa tête en arrière et agita ses cheveux. L'air satisfait que son visage affichait, assorti du petit sourire mi-séducteur mi-effrayant qui se dessinait au coin de ses lèvres, suffisait en général à faire sombrer les âmes les plus faibles sous son emprise, totalement prisonnières du charme et du charisme qui se dégageaient du jeune duc. El' était le genre d'individu qui fascinait : il était tel la flamme attirant des centaines d'insectes; séduites par sa beauté et son aura, ses victimes se rapprochaient de plus en plus de lui, jusqu'à s'en brûler et périr dans d'atroces et vives souffrances.

Cependant, il savait également faire preuve de clémence envers les proies, qui, selon lui, en valaient la peine. Quelle qualité recherchait-il? C'était dur à dire... même lui n'en était pas tout à fait sûr. En réalité, peu lui importait, du moment que son intérêt et son sens de l'aventures soient titillés.

En une phrase, Aellen avait cherché à savoir à quelle catégorie appartenait Kazuma.

Lorsque sa question fut posée, le duc fut satisfait par la lueur de surprise et d'effroi s'allumant dans les prunelles de l'étudiant. Il avait réussi à le déstabiliser, et c'était précisément l'un des passe-temps favoris d'Aellen. A présent, il allait enfin voir si ce garçon était digne de son intérêt ou non.

Tandis que Kazuma parlait, des frissons de plus en plus intenses parcoururent le corps d'Aellen. Il était surpris de voir la perspicacité de cet étudiant, et, qui plus est, il ne semblait ni lâche ni faux. Il osait dire ce qu'il pensait réellement, et ce genre d'attitude plaisait particulièrement au duc.

D'un geste rapide, ce dernier sorti de la sacoche accroché à sa ceinture un peu de tabac et une feuille. Imperceptiblement, il chercha dans l'une de ses proches une sorte d'herbe rougeâtre. Il mélangea les deux ingrédients sous la table, de sorte que Kazuma ne puisse le voir. Puis, il prit cette mixture, la déposa, en un geste fin et précis, sur la feuille, et la roula. Tandis que sa langue léchait le papier, son regard dur et froid, emplis d'un étrange sous-entendu, plongea dans celui de Kazuma.

Finalement, il sorti un briquet et alluma sa cigarette. Dès la première bouffée, il sentit le bien fou que lui procurait l'herbe qu'il avait ajouté. Peu forte, elle renforçait la vitesse de réflexion d'Aellen, et décuplait les émotions qu'il ressentait. A présent, tout devenait de plus en plus intense pour lui; le plaisir qu'il ressentait à observer et écouter Kazuma se transformait presque en extase. Il lui fallait ce garçon. D'un moyen ou un autre, il briserait sa volonté et l'ouvrirait à son monde, à sa liberté. Il en fera sa possession, son serviteur, et surtout, son disciple. Il était rare de rencontrer des gens prédisposés aux notions abstraites qui entouraient l'air, et, étonnamment, ce Kazuma en faisait parti.

La tempête qui fit rage dans l'esprit du duc demeura indiscernable pour les autres, étant donné qu'aucun tic physique ne trahit les quelques secondes intenses qu'il venait de vivre au fond de lui.

Le soupir final de Kazuma coïncida avec le moment ou Aellen expulsa la fumée de sa première bouffée. Une fumée acre, à l'odeur enivrante, entoura les deux interlocuteurs.

Brutalement, Aellen éclata de rire. D'un rire sincère, mais étrangement aussi froid et tranchant que l'acier. Il passa sa main sur son visage, et resta immobile quelques instants. Puis, s'étant calmé, il murmura simplement :

"-Cela fait bien longtemps que je n'ai pas rencontré de gens comme toi."

Le ton sur lequel il prononça cette réplique laissa planer un doute immense : était-ce un compliment, où au contraire, un reproche? Venant d'Aellen, c'était dur à définir; ce qui pour lui était insultant faisait plaisir au commun des mortels, et vice-versa.

Le duc laissa filer quelques minutes, fumant sa cigarette. La fumée, au lieu de se dissiper, plongeait les deux hommes dans un immense et enivrant nuage rougeâtre.

Puis, sans rien dire, Aellen piocha de nouveau un peu de tabac et une feuille. Il roula de nouveau une cigarette, sans herbe cette fois, et la jeta sur la table, en direction de Kazuma.

"-Tu en veux une?"

Ce fut la simple phrase qu'il associa à son geste, sans prendre la peine de dire à Kazuma ce qu'il pensait de son raisonnement.

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